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    Divan Martha Medeiros

    Salon du livre de Paris 2015

    Divan

    Martha Medeiros 

    Anne Carrière

    2007

    Pendant plusieurs années, Mercedes livre ses interrogations, ses doutes, ses amours, sur le divan du psychanalyste.

    « Lopez, qui est aux commandes à l’intérieur de nous1 ? »

    Mercedes, la quarantaine passée, a décidé de suivre une psychanalyse. Chaque chapitre retranscrit les séances sporadiques, étalées sur trois ans, pendant lesquelles les interventions du psychanalyse, Lopez, sont passées sous silence.

    Qui est-elle ? Que nous confie-t-elle ? Mercedes a l’air d’une femme accomplie. Épouse de Gustavo, mère de trois garçons, professeur de mathématique et peintre, elle ressent pourtant un malaise.

    Elle a besoin de prendre congé de la « Mercedes cérébrale », celle qui est devenue prisonnière de ses choix sentimentaux et professionnels. Besoin d’un coup de folie, besoin de revivre, besoin de s’affranchir des étiquettes et des conventions, de se libérer de sa « surveillance intérieure2 ».

    Pour finir

    Divan réveille un désir fondamental : qu’un auteur raconte avec justesse, et avec si peu de mots, le sens de la vie. Les thèmes de Divan sont effectivement universels : l’amour, le mariage, la sexualité, la femme, la maternité, les illusions de l’enfance, la nécessité du voyage, la religion, le deuil ; et c’est bien le genre de texte qu’on attend au détour tant les écueils sont possibles. On s’imagine d’emblée un texte gnangnan, trop féminin, plein de phrases dogmatiques agaçantes à la Paulo Coelho, mais il n’en est rien.

    Ici tout est réussi. La voix de Mercedes sonne juste et évite les lieux communs et le pathos. En racontant nos désirs, nos peurs, nos affrontements, elle diffuse plein de vérités sur le sens de la vie (à commencer par le fait qu’il n’y a pas qu’une vérité) et un sentiment de sérénité en refermant le livre. Ce texte est un subtil mélange entre cohérence et contradictions, entre histoire personnelle et histoire commune. Mercedes ne nous promet pas d’être originale, mais de lire dans nos cœurs avec simplicité et sincérité, et c’est une belle promesse en soi. Promesse tenue.

    Le procédé narratif, à la fois original et audacieux, est tout aussi réussi. On ne saura de Mercedes que ce qu’elle voudra bien dire à son psychanalyste, au gré des séances et de son humeur. Sporadique et omniprésente à la fois, elle nous donne le point de vue du psychanalyste, même si nous n’avons que notre cœur pour l’accueillir (à moins que vous ne soyez psychanalyste de profession).

    Un récit très sensible, émouvant, qui sonne très juste et qui laisse libre court à une identification particulièrement forte. Libre à vous d’incarner Mercedes, selon votre humeur, votre envie de lecture, le moment de votre vie.

    « Une mère est toujours un bouclier. C’est drôle, ça me fait penser à une histoire qui est arrivée à l’une de mes amies. Elle avait déjà plus de trente ans et rendait visite avec sa sœur à un oncle hospitalisé quand, tout à coup, il est mort sous leurs yeux. Elles sont d’abord restées sans voix, puis elles se sont tournées l’une vers l’autre et mon amie a dit : “On doit appeler un adulte.” Nous avons ri comme des dingues quand elle m’a raconté ça. Je comprends parfaitement cette sensation d’être orpheline. Peu importe notre âge, il y a toujours un moment où nous avons besoin d’appeler un adulte3. »

    Lisez aussi

    Instinct primaire Pia Petersen 

    Littérature d'Amérique du Sud

     

    1. Page 70. -2. Page 30. -3. Pages 23-24. 

    Divan
    (Divã, titre original)
    Traduit du brésilien par Marcia Corban
    Martha Medeiros
    Illustration de couverture d’Hélène Crochemore
    Editions Pocket
    N°13367
    2012
    160 pages
    6,20 euros

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