• Essais

    Les textes regroupés dans cette rubrique parlent essentiellement des conditions dans lesquelles le livre est édité en France, mais vous y trouverez aussi des essais sur les médias, l’opinion publique, la culture et leurs représentations. Avec l'agriculture et l'alimentation, de nouveaux thèmes environnementaux sont à venir.

  • Faiminisme Nora Bouazzouni Bibliolingus

    Faiminisme

    Quand le spécisme passe à table

    Nora Bouazzouni

    Editions Nouriturfu

    2017

    Comment la nourriture, le genre et le spécisme sont-ils intimement liés ? Comment l’alimentation permet-elle, encore aujourd’hui, d’asservir les femmes au sein d’un régime hétéro-patriarcal et spéciste ? Dans cet essai court, incisif, documenté, emprunt d’humour grinçant, Nora Bouazzouni donne à voir l’ensemble des constructions sociales qui régissent notre vie et nos sociétés. Une lecture instructive !

    « Si les femmes continuent d’assumer seules les repas à la maison, écrivent des livres de cuisine, tiennent des blogs culinaires ou postent des #pornfood sur Instagram, dans les restaurants, ce sont les mâles qui tiennent les fourneaux1. »

    Comment se fait-il que les femmes soient assignées depuis toujours à la préparation domestique des repas, et qu’il n’y ait que des chefs gastronomiques hommes connus ? Pourquoi les femmes sont, encore aujourd’hui et dans le monde entier, majoritairement paysannes, alors que les terres qu’elles cultivent appartiennent à 80 % à des hommes ? Pourquoi ce sont les agricultrices françaises qui sont davantage passées en bio ? 

    « Lutter contre l’exclusion systémique des femmes dans l’agriculture, sécuriser leur emploi et leur donner pouvoir et autonomie aura donc un effet immédiat voire notoire sur la faim, mais aussi des conséquences bénéfiques à plus long terme, comme réhabiliter la souveraineté alimentaire de pays du Sud qui, depuis la “révolution verte” des années 1960-1990, ont abandonné une agriculture diversifiée et raisonnée afin d’exporter plus en restant compétitifs2. »

    « On peut noter le paradoxe de l’homme s’estimant naturellement supérieur tout en jugeant que ce qui est naturel doit être amélioré3… »

    Pourquoi les femmes sont-elles plus petites et plus menues ? Pourquoi sont-elles davantage touchées par l’obésité et les troubles alimentaires du comportement dans les pays occidentaux, et par la famine dans les pays pauvres ?

    « Si je ne peux plus assassiner les animaux pour me nourrir, je ne suis plus maître de la nature. De la même manière si je ne peux plus siffler une femme dans la rue sans qu’elle me retourne une gifle, je ne suis plus maître de l’espace public. Si je ne peux plus dire à une collègue que son jean lui fait un sacré beau cul sans qu’elle me poursuive pour harcèlement sexuel, je ne suis plus maître de l’espace professionnel. En gros, si je ne me comporte plus comme si tout m’était dû, je perds mon statut de prédateur et je deviens, à mon tour, une proie. Sauf qu’il n’y a de proie que s’il y a un prédateur. Si l’homme respecte les animaux et les femmes, il n’en mourra pas. Possiblement le contraire4. »

    « Lire Simone de Beauvoir en mangeant un steak, est-ce trahir la cause5 ? »

    Pourquoi, depuis la préhistoire, les femmes ont-elles été confinées à la gestion de la cueillette, tandis que les hommes se consacraient à la chasse ? Quels liens peut-on établir entre la domestication des animaux, la soumission des femmes et la mise en esclavage des personnes racisées ? 

    « Comparer la sphère domestique à une cage n’est pas innocent. Réifiée, contrôlée et exploitée par les hommes, la femme seble partager le même destin biologique que les animaux : pérenniser l’espèce humaine, en se reproduisant et en la nourrissant, gratuitement, de gré ou de force6. »

    Pourquoi la viande est-elle un symbole de virilité, en opposition au « lobby végéta*ien », alors que ce sont les femmes qui ont besoin de plus de protéines et de fer ?

    « De la même manière que les gens se demandent souvent comment une lesbienne peut s’épanouir sexuellement sans homme, nombreux sont ceux qui se demandent comment les végétarien⋅nes peuvent s’épanouir nutritionnellement sans viande. On leur demande “Mais alors, qu’est-ce que tu manges ?” avec la même incompréhension perplexe qu’on demande aux lesbiennes “Mais alors, qu’est-ce que vous faites7 ?”. » (Marti Kheel, écoféminste et antispéciste)

    « D’un côté, on répète aux petites filles qu’il faut “souffrir pour être belle” dès leur plus jeune âge, de l’autre on se moque des femmes qui s’infligent des pratiques de beauté douloureuses et dépensent des fortunes pour entrer dans la norme8. » 99

    Pourquoi les femmes font-elles davantage de régimes que les hommes ? Pourquoi ont-elles davantage recours à la chirurgie esthétique ? En quoi les femmes grosses sont, d’une certaine manière, un symbole de la résistance au patriarcat ?

    « Aux femmes, nous apprenons que la méritocratie passe aussi par le corps, et que ses efforts seront récompensés. Sinon, essaie encore. Et quiconque déroge à la règle ou se laisse aller est immédiatement punie : les magazines féminins ou people se chargent de pointer un doigt accusateur sur celle qui n’a pas perdu ses kilos de grossesse, qui n’a pas fait suivre son clafoutis d’une séance d'abdos ou qui ne fait rien contre cette vilaine cellulite. En somme, celle qui ne s’inquiète pas assez de savoir si elle est baisable9. »

    « Nous sommes censées expier notre condition de femme, ce corps dégoûtant, tentateur et naturellement laid sauf lorsqu’il est sexualisé. Résignées à ce constat instigué et entretenu par un système qui cherche à subordonner les femmes par tous les moyens possibles, nous avons intégré le mépris de notre propre corps et la nécessité de l’améliorer, même si l’idéal est, par essence, inatteignable. Comme le dit Virginie Despentes, “être complexée, voilà ce qui est féminin”. La femme moderne n’est pas semblable à Sisyphe que dans dans la “frénésie épilatoire” décrite par Mona Chollet, elle est condamnée à une autre forme de pénitence, celle du régime permanent. Printemps : il faut bosser dur pour être présentable sur la plage avec le fameux “bikini body” (sous-entendu, il n’y a qu’un type de morphologie qui soit légitime à se dénuder, vous n’allez quand même pas risquer de déclencher une nausée collective parmi les vacanciers). Rentrée : il faut perdre les kilos accumulés pendant l’été et les cubis de rosé descendus en mangeant des churros. Automne : penser à préparer son corps avant les fêtes (c’est-à-dire perdre du poids avant de se gaver comme une oie). Hiver : idem après les fêtes, où il faut détoxifier ses organes (rappel : ça ne veut rien dire) et éliminer foie gras, champagne et chocolat. Et voilà que le printemps pointe déjà le bout de ses rayons, les corps se dénudent et personne n’a envie de voir vos bourrelets dégueus. Rebelote10. »

    Mon avis

    Cet ouvrage était dans ma pile à lire depuis quelques années. Je l’avais même emprunté à la bibliothèque une première fois, mais sa mise en page, certes originale, est composée dans une typo que je n’aime pas particulièrement, ce qui avait repoussé ma découverte. Mais, en 2022, Myriam Bahaffou en fait mention dans son livre Des poussières sur le compost aux éditions du passager clandestin (un ouvrage fondamental, précieux, unique en son genre, et, pour tout dire, l’un des meilleurs essais que j’ai lus ces deux dernières années).

    J’ai surmonté l’obstacle de la mise en page pour me plonger dans cette lecture : grand bien m’en a pris ! Elle croise tout un ensemble de faisceaux pour montrer combien tout est une question de construction sociale, même les choses qui nous paraissent les plus « naturelles » et les plus intimes… À lire, et à méditer !

    Lisez aussi

    Essais sur le spécisme

    Aymeric Caron Antispéciste

    Collectif Faut-il arrêter de manger de la viande ?

    Derrick Jensen Zoos. Le cauchemar de la vie en captivité

    Martin Page Les animaux ne sont pas comestibles

    Jonathan Safran Foer Faut-il manger les animaux ?

    Peter Singer La Libération animale

    ♥ Ophélie Véron Planète végane

    Essais sur le féminisme

    Simone de Beauvoir Le Deuxième Sexe 1

    Mona Chollet Beauté fatale

    Mathilde Larrère Rage against the machisme

    ♥ Pauline Le Gall Utopies féministes sur nos écrans

    Christelle Murhula Amours silenciées. Repenser la révolution romantique depuis les marges

    ♥ Valérie Rey-Robert Une culture du viol à la française

    Julia Serano Manifeste d'une femme trans

    Carolyn Steel Le ventre des villes

    Littérature

    ♥ Upton Sinclair La Jungle

    ♥ Dorothy Allison Retour à Cayro (200e chronique)

    Erika Nomeni L'Amour de nous-mêmes

    Martin Winckler Le Chœur des femmes

    Récits

    Dorothy Allison Deux ou trois choses dont je suis sûre

    Maya Angelou Tant que je serai noire

    Anonyme Une femme à Berlin

    ♥ Jeanne Cordelier La Dérobade

    Gabrielle Deydier On ne naît pas grosse

    ♥ Mika Etchébéhère Ma guerre d'Espagne à moi

    ♥ Emma Goldman Vivre ma vie 

    Rosa Parks Mon histoire 

    ♥ Assata Shakur Assata, une autobiographie

    Illustrés

    Léa Castor Corps à cœur Cœur à corps 

    Claire Duplan Camel Joe 

    Jeunesse

    Ruby Roth Ne nous mangez pas !

     

     

    1. Page 18. -2. Page 50. -3. Page 52. -4. Page 79. -5. Page 63. -6. Page 61. -7. Page 87. -8. Page 99. -9. Page 94. -10. Pages 96-97.

    Faiminisme

    Quand le spécisme passe à table

    Nora Bouazzouni

    Editions Nouriturfu

    2017

    120 pages

    14 euros

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  • mes trompes mon choix laurene levy bibliolingus

    Mes trompes, mon choix !

    Laurène Levy

    Le passager clandestin

    2023


    Avec Mes trompes, mon choix !, Laurène Levy, journaliste spécialisée en santé,  s’intéresse à la stérilisation volontaire comme méthode de contraception émancipatrice. La stérilisation est légale depuis 2001, pourtant elle reste taboue et difficile à obtenir, surtout pour les femmes. Pourquoi la stérilisation a-t-elle si mauvaise réputation ? Pourquoi le corps médical se montre-t-il réticent et violent ? En quoi peut-elle être au contraire un outil d’émancipation ? Voilà un ouvrage documenté et utile pour s’informer, et qui m’a particulièrement intéressée dans la mesure où j’ai su très jeune que je ne voulais pas être mère.

    « Si une femme de 50 ans est forcément passée à côté de sa vie si elle n’est pas mère, un homme de 50 ans qui n’est pas père a sûrement réussi sa vie autrement1. »

    « Pourquoi tu ne veux pas d’enfant ? »  

    « T’es jeune, tu changeras d’avis ! »

    « Tu vas le regretter, ton horloge biologique tourne ! » 

    « T’as pas encore rencontré la bonne personne pour faire des enfants ! » 

    « T’as un problème à régler avec tes parents : va voir un·e psy ! » 

    « Pense aux femmes qui sont stériles ! » 

    Lorsqu’on dit qu’on ne veut pas d’enfant, les questions, les jugements, l’incompréhension et le mépris fusent. Mais demande-t-on aux personnes qui ont des enfants de justifier leur choix ? Leur demande-t-on si elles le regrettent ? Les ventres des femmes sont-ils interchangeables ? Vu les enjeux de la parentalité, il y aurait pourtant beaucoup de questions à se poser ! Et vu l’impact de la grossesse et de la parentalité sur la vie des femmes, les questions sont tout à fait légitimes !

    Nous serions environ 5 % de personnes en France à ne pas vouloir d’enfant. Les raisons sont multiples et propres à chacune, mais voici les miennes, qui se sont accumulées depuis 20 ans.

    Dans notre société qui a érigé la « famille nucléaire » en modèle et le travail comme valeur centrale, élever un enfant est aussi bien un défi qu’un sacrifice. S’occuper d’un être fragile et dépendant durant de longues années est une énorme charge mentale et physique, et une source incommensurable d’angoisses. Or, ma vie est déjà bien remplie, je ne veux pas sacrifier mon sommeil, mon temps de lecture, d’écriture, de militantisme, de sport, et la vie sociale que j’ai choisie.

    Avoir un·e enfant, c’est me semble-t-il une manière très frontale d’entrer dans le système capitaliste et consumériste. On consomme beaucoup, on dépense beaucoup, on calcule beaucoup (et avec quel argent ??). On se plie à des horaires particulièrement stressants, à des contraintes et des exigences qui relèvent de l’acrobatie. À moins de vivre dans une communauté ou dans une famille élargie, on entre dans le système de garde d’enfant, des rythmes scolaires (la rentrée des classes, les vacances qui justifient la hausse des prix des trains et des locations), du cycle des fêtes (les cadeaux de Noël, les fêtes des mères et des pères, les spectacles de fin d’année…). En fait, le système nous force perpétuellement à jongler entre la vie professionnelle, la vie personnelle et la vie de famille, à gratter de maigres interstices pour passer du temps en famille, les week-ends et les soirs en semaine. Et je ne veux pas de cette vie-là !

    Avoir un·e enfant, c’est donner la vie à un être humain qui sera, malgré tous nos efforts, formaté par la société capitaliste, écocidaire, raciste, spéciste, validiste. Après l’inévitable formatage du système scolaire et de l’entourage, cet·te enfant deviendra un·e adulte précaire et prolétaire qui devra trimer toute sa vie pour survivre, iel devra vendre sa force de travail pour payer son loyer et assurer ses besoins vitaux. C’est un être humain qui, vraisemblablement, manquera d’eau et de nourriture dans les décennies à venir. Et je ne veux pas infliger ça à qui que ce soit.

    Avoir un·e enfant dans un couple hétéro, c’est consolider le sexisme et le patriarcat. Même si l’on est en couple avec une personne éveillée à ces problématiques, la pression sociale, le poids de la charge mentale et de l’éducation genrée sont très fortes. On est irrémédiablement réduites, à un moment ou un autre, à un rôle de mère.

    Il y a 20 ans, je n’avais pas de modèle de personne ayant décidé de ne pas avoir d’enfant. Mais qu’importe si je suis la seule femme âgée et sans enfant de mon entourage. Je serai mon propre modèle ! Et jusqu’à présent, j’ai été bien entourée, car mon choix, qui est l’un des premiers choix conscients de ma vie, le plus profond, le plus sincère, le plus évident, a rarement été mis en cause.

    « La décision de ne pas avoir d’enfant n’est jamais considérée comme définitive dans notre société2. »

    Laurène Levy, qui est aussi « libre d’enfant » par choix, dresse un état des lieux de la stérilisation : en France, la stérilisation volontaire ne concerne que 4,1 % des femmes et des hommes transgenres (stérilisation tubaire) et 0,8 % des hommes et des femmes transgenres non opérées (vasectomie). En fait, la stérilisation est rarement proposée parmi les différents moyens de contraception. L’autrice parle d’une « norme contraceptive » française : au début de la vie sexuelle, on nous conseille plutôt les préservatifs, puis, lorsqu’on se met en couple hétérosexuel monogame, on nous dirige vers la pilule, puis vers le DIU (dispositif intra-utérin) ou l’implant contraceptif. 

    Mais peu d’info sur la stérilisation ! Pourtant, depuis 2001, toute personne majeure peut y avoir recours, même si elle n’a jamais eu d’enfant. Pour les femmes en particulier, obtenir la stérilisation volontaire relève d’un parcours de la combattante ! Car nombreux·ses sont les soignant·es qui se montrent réticent·es à informer les patientes sur ce moyen de contraception et à y procéder. Il s’agit donc de violences gynécologiques, parmi toutes celles qu’on retrouve dans Le Chœur des femmes de Martin Winckler.

    Mais pourquoi la stérilisation volontaire est-elle si mal vue, surtout chez les femmes ?

    « L’utérus n’est pas là par hasard, il n’est pas là pour être vacant, au boulot mesdames3. »

    Ainsi que le dit Françoise Héritier, la maternité a longtemps été notre seule fonction, la seule raison de notre existence. Dans la société française marquée par la misogynie de Napoléon Bonaparte, et plus récemment par les politiques pronatalistes du début du XXe siècle, les femmes doivent en effet devenir mères pour être accomplies. Dans l’entre-deux-guerres et après la seconde guerre mondiale, les familles ont reçu pléthore d’aides financières pour encourager la procréation et repeupler le pays de sa main-d’œuvre et de sa chair à canon.

    Le poids de la religion catholique est aussi très prégnant : tout comme la contraception, la stérilisation volontaire tend à rendre impossible la procréation, ce qui est une violation de la loi morale. Toute entrave à la transmission de la vie a longtemps constitué un crime.

    « Accepter qu’une femme choisisse la stérilisation comme contraception, c’est accepter qu’elle se dissocie volontairement de sa fonction reproductrice. C’est accepter qu’une femme qui a enfanté décide à un moment de sa vie qu’elle ne veut plus porter d’enfant. C’est aussi accepter qu’une femme existe par elle-même, à part entière, avec ou sans enfant. C’est, enfin, mettre au terme au symbolisme qui associe encore et toujours la femme et la mère. Et ne plus condamner celles qui choisissent un autre chemin que celui de la maternité4. »

    « Chaque fois qu’il y a un contrôle de la population, cela conduit à des violences contre le corps des femmes5 » (Kavitha Krishnan, militante féministe)

    À l’échelle mondiale, la stérilisation est plus répandue, mais elle est aussi souvent forcée. À travers l’histoire et les pays, la stérilisation a été un outil de contrôle des populations, en particulier des populations racisées et colonisées. On pense d’emblée à l’eugénisme durant l’Allemagne nazie qui a procédé à la stérilisation forcée des personnes atteintes d’un handicap physique ou mental, des délinquant·es, des homosexuel·les, des tsiganes, des juif·ves… Des campagnes de stérilisation massives ont été mises en place en Inde, au Canada sur les autochtones, ainsi qu’en Chine avec la politique de l’enfant unique et la stérilisation des Ouighour·es (qualifiée de « génocide démographique6 » par Adrian Zenz)… 

    Des politiques malthusiennes ont aussi été mises en place dans les territoires français colonisés : je vous invite à lire Le Ventre des femmes de Françoise Vergès sur la stérilisation forcée des femmes réunionnaises dans les années 1960 et 1970. Et jusqu’en 2016, les personnes transgenres devaient se faire stériliser pour obtenir le changement de leur identité administrative…

    « Que ce soit en Inde, en Chine ou au Pérou, on remarque toujours une dissymétrie entre les stérilisations forcées masculines et féminines. Globalement, les femmes ont payé un plus lourd tribut que les hommes en matière de stérilisations coercitives. Elles sont dans la majorité des cas les principales victimes de ces actes forcés. Pourquoi ? Parce que les femmes sont considérées comme des sujets à risque puisque ce sont elles qui tombent enceintes. Et qu’il était “simple», au détour d’un avortement ou d’un accouchement par césarienne, de ligaturer les trompes le plus souvent à l’insu des principales concernées, souvent pauvres, souvent issues de minorités ethniques7. »

    Mon avis : « Un enfant si je veux, quand je veux ! »

    Mes trompes, mon choix !, écrit par Laurène Levy et édité par les éditions indépendantes le passager clandestin, est un ouvrage important, car le droit à la contraception est sans cesse remis en question, dans le monde entier. Comme toujours, les ouvrages des éditions du passager clandestin sont bien structurés, clairs, pédagogiques, et la maquette est l’une des plus confortables que je connaisse !

    L’objectif de l’autrice est de présenter la stérilisation, son histoire, sa charge symbolique, ses enjeux, les procédures, et d’en revendiquer la portée émancipatrice, comme pour tout autre moyen de contraception. Plusieurs pistes sont soulevées pour simplifier l’accès à la stérilisation, à commencer par la formation du personnel soignant et un meilleur accès à l’information pour celles et ceux qui souhaitent se faire stériliser. 

    Au même titre que la contraception et l’interruption volontaire de grossesse (IVG), la stérilisation relève du droit de chacun et chacune à disposer de son corps. La stérilisation est une façon de se libérer de l’injonction à la parentalité, elle dissocie une bonne fois pour toutes la reproduction et la sexualité, elle permet de vivre librement, sans craindre une grossesse non désirée.

    Les débats autour de la contraception et de la stérilisation sont aussi l’occasion d’interroger la charge reproductive qui repose essentiellement sur les femmes. Il est vital que les femmes gardent le contrôle de leur corps, mais la contraception masculine est un levier fondamental pour sortir la sexualité et la (non-)parentalité de la case « affaires de bonnes femmes8 ». Et dans la mesure où la stérilisation masculine (vasectomie) est une opération plus simple et moins lourde que la stérilisation féminine (tubaire), les hommes pourraient y avoir davantage recours et porter, eux aussi, cette charge reproductive

    Vu mon parcours, je pourrais tout à fait vouloir entamer une procédure de stérilisation, mais cet ouvrage m’a confortée dans le choix de ma contraception : l’implant contraceptif que j’ai adopté depuis dix ans est moins invasif, et surtout, contre toute attente, avec 99,9 % d’infertilité, il est plus efficace que la stérilisation ! En effet, j’ai été très surprise de lire qu’une femme sur 200 ayant eu recours à la stérilisation tombait enceinte dans l’année suivant l’opération chirurgicale, car la ligature des trompes (la méthode la plus employée en France) ne fonctionne pas toujours.

    Et vous, est-ce que vous voulez des enfants ? Est-ce que vous auriez aimé ne pas en avoir ? Est-ce qu’un·e professionnel·le de santé vous a déjà orienté·e vers la stérilisation ?

    Lisez aussi

    Essais

    Françoise Vergès Le Ventre des femmes

    Élise Thiébaut Ceci est mon sang

    Virginie Despentes Baise-moi

    Davy Borde Tirons la langue

    Pauline Harmange Moi les hommes, je les déteste

    Coral Herrera Gomez Révolution amoureuse

    Françoise Héritier Masculin/Féminin 1

    Mathilde Larrère Rage against the machisme

    Pauline Le Gall Utopies féministes sur nos écrans

    Christelle Murhula Amours silenciées. Repenser la révolution romantique depuis les marges

    Valérie Rey-Robert Une culture du viol à la française

    Nora Bouazzouni Faiminisme. Quand le spécisme passe à table

    Julia Serano Manifeste d'une femme trans

    Littérature

    Martin Winckler Le Chœur des femmes

    Erika Nomeni L'Amour de nous-mêmes

    Toni Morrison Beloved

    Dorothy Allison Deux ou trois choses dont je suis sûre

    Emma Goldman Vivre ma vie 

    Illustrés

    Léa Castor Corps à cœur Cœur à corps 

    1. Page 122. -2. Page 17. -3. Page 121. -4. Page 17. -5. Page 84. -6. Page 95. -7. Page 89. -8. Page 110.

     

    Mes trompes, mon choix !

    Stérilisation contraceptive : de l'oppression à la libération

    Laurène Levy

    Préface de Martin Winckler

    le passager clandestin

    2023

    208 pages

    18 euros

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  • les humilié-es rozenn le carboulec bibliolingusLes Humilié·es

    Rozenn Le Carboulec

    Éditions des Équateurs

    2023



    Merci à Babelio pour son opération Masse critique

     

    Il y a dix ans déjà, le 17 mai 2013, la loi pour le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels était promulguée (mais pas la PMA, qui a été votée… en 2021). Dans cette enquête, Rozenn Le Carboulec, journaliste spécialiste des questions LGBTQIA+, raconte les principaux événements de cette période : l’homophobie de La Manif pour tous, des collectifs d’extrême droite et de l’église catholique, mais aussi la responsabilité du gouvernement PS de François Hollande alors au pouvoir, qui a permis à cette haine de s’exprimer en faisant de ce projet loi un « débat républicain », et celle des médias mainstream qui se sont fait volontiers le relais de ce déferlement de haine. Cet ouvrage est particulièrement instructif, car il retrace l’histoire de cette loi et en tire les conséquences dix ans après pour nos milieux militants et associatifs.

    « Nous n’avons pas le privilège de pouvoir qualifier cette période de “scorie de l’histoire”, parce que cette histoire, c’est la nôtre. Une histoire avec un grand H, comme humiliation, comme homophobie1. »

    Les humilié⋅es, qui donnent le titre à cette enquête, ce sont les personnes homosexuelles (dont l’autrice) qui, pendant presque un an, ont vu leur vie, leur identité, leur intimité, jetées en pâture dans les médias mainstream. Sous couvert de « débat démocratique » et « républicain », il y a eu un déferlement de haine dans les médias mais aussi dans les rues (le nombre d’agressions homophobes ayant explosé en 2013). 

    « Aux personnes LGBT, ces débats auront coûté des nuits d’insomnies, des agressions en tout genre, leur dignité, pour certain-es leur vie. C’est cette humiliation-là, trop longtemps ignorée, dont il me semble important de parler aujourd’hui2. »

    « Hier, le Pacs, aujourd’hui le mariage et l’adoption, demain l’inceste et la pédophilie3. »

    À l’occasion du projet de loi pour le mariage et l’adoption des couples homosexuels, le collectif pour La Manif pour tous, avec à sa tête Frigide Barjot, ainsi que les collectifs d’extrême droite et l’église catholique conservatrice ont déversé leur haine sur les antennes, invoquant un ensemble d’arguments homophobes, patriarcaux et sexistes.

    « En réalité, la majorité des manifestants contre le “mariage pour tous” ne connaissent rien au quotidien des personnes LGBT. Leur entre-soi est tel, et leurs œillères si démesurées, qu’ils n’imaginent aucune “autre” possible. Plutôt que de continuer à défendre un modèle familial unique, impuissant à garantir le bonheur des enfants, si on s’intéressait enfin à la réalité des familles homoparentales4 ? »

    Parmi l’ensemble d’arguments nauséabonds et dénués de toute réalité sociale et de tout fondement scientifique, la préservation de la famille, de la démographie et des enfants sont tout à coup invoqués. Pour les opposant⋅es au « mariage pour toustes », il faut maintenir une société patriarcale et hétéronormée et une hiérarchie des genres, avec à sa tête la figure du père qui serait vitale pour le bien-être de l’enfant (notez l’attaque spécifiquement lesbophobe). C’est tristement ironique et hypocrite quand on sait que l’écrasante majorité des violences conjugales et familiales sont commises par des hommes, des pères, des oncles, et que l’église catholique, deuxième lieu de violences infantiles après la famille, ne sait pas protéger ses propres enfants des prêtres agresseurs et violeurs…

    « [...] il n’existe pas de modèle familial idéal ni de foyer parfait. Pas plus chez les couples LGBT qu’hétéros. En revanche, une chose est sûre : les enfants issus de familles homoparentales sont profondément désirés et aimés, avant même leur naissance. En leur sein, la parentalité n’advient jamais par accident, ou sur un simple coup de tête. Elle représente un tel parcours du combattant que personne ne s’y aventure sans une profonde et longue réflexion, et une préparation à toute épreuve. Il s’agit de mettre de l’argent de côté, de suir, pour les femmes, des examens médicaux invasifs, des questionnaires interminables, de planifier de nombreux allers-retours dans un autre pays, ou de patienter au moins un an si elles choisissent d’être suivies dans le leur, de s’outer, pour certaines, auprès de leur hiérarchie afin de justifier des absences de dernière minute, d’encaisser les échecs, parfois de tout recommencer, puis de réussir à être reconnues comme parents une fois que l’enfant est né·e5. »

    « Ce qui s’est joué dans l’opposition au “mariage pour tous” n’a en réalité rien à voir avec la défense “de l’intérêt de l’enfant”. Il s’agit, dans ce combat-là, comme dans tous ceux l’ayant précédé et suivi, avant tout de protéger un modèle patriarcal qui, s’il venait à s’écrouler, chamboulerait tout autant un idéal familial fantasmé que la structuration symbolique et hiérarchique de l’Église6. »

    « Si j’ai choisi de ne pas retranscrire ici la violence de nombreuses publications de l’époque, il n’en reste pas moins que cette période incarne à mes yeux autant une défaite du journalisme qu’une grande désillusion7. »

    Tous ces propos homophobes n’auraient pu jaillir avec tant de violence sans la complicité des médias mainstream. Comme j’ai pu le montrer dans plusieurs chroniques sur le journalisme, ils ont véritablement créé l’événement de La Manif pour tous en relayant abondamment les images des cortèges de ses manifestations, la figure de Frigide Barjot, et en reprenant ses éléments de langage sans esprit critique. Ils ont par exemple grandement relayé la fameuse « théorie du genre » : ce concept essentialisant et fondamentalement inégalitaire, sorti du champ d’étude scientifique, est une énième panique morale8 visant à dénoncer le genre comme une atteinte à la différenciation et à la complémentarité entre les hommes et les femmes.

    Et, comme toujours, les médias mainstream ont surreprésenté un mouvement minoritaire dans la société et invisibilisé la parole des concerné⋅es, en particulier des lesbiennes

    Mais dans cette médiatisation homophobe, l’autrice pointe en particulier la responsabilité des médias qui se disent de gauche. Car, sous couvert de se montrer neutres, de représenter tous les points de vue, de respecter la liberté d’expression, ces derniers ont aussi largement relayé les propos homophobes. Était-ce nécessaire, dans la mesure où les médias comme BFM, Le Figaro et La Croix le faisaient déjà abondamment ? Les médias dits de gauche auraient pu, au contraire, relayer les paroles des concerné⋅es pour contrebalancer l’ensemble du « débat » (si tant est qu’il y ait un débat sur la liberté de toustes à fonder une famille…). 

    La volonté des médias dits de gauche de créer un « espace de dialogue », de « symétriser » le débat9, est dangereuse, car elle ne prend pas en compte le fait que les médias de droite ont une audience beaucoup plus grande que les médias de gauche. Elle permet à ces médias, Libé et L’Obs en particulier, de ne pas réellement prendre position, et met sur le même plan l’ensemble des opinions et des savoirs, comme s’ils se valaient tous !

    « Cette gauche socialiste a fait beaucoup de mal parce qu’elle nous a fait perdre beaucoup de temps et a donné, à la droite et à La Manif pour tous, des arguments audibles contre le mariage10. » (Daniel Borrillo)

    Mais la responsabilité d’une telle violence incombe avant tout à la « gauche » de François Hollande alors au pouvoir qui, en créant un débat national, a permis à la droite conservatrice d’exprimer sans complexe toute son homophobie, comme si être homophobe était une opinion, pas un délit. Autoriser un débat sur le mariage, l’adoption et la PMA des couples homosexuels, c’est considérer que l’homophobie est une opinion comme une autre…

    Malgré les jolis discours de la ministre de la Justice Christiane Taubira11, la position du PS était très molle, très consensuelle, pour ménager les droitard⋅es. Ce gouvernement n’a cessé de tergiverser sur le contenu de la loi, qui a finalement été votée sans la PMA (procréation médicalement assistée). Il aura fallu attendre la nouvelle loi sur la bioéthique de 2021 pour que celle-ci soit enfin accordée aux femmes lesbiennes et aux femmes célibataires ! Et encore, il y a plus d’un an d’attente pour obtenir une assistance médicale à la procréation avec don de sperme (depuis la première consultation jusqu’à la première tentative)…

    « Humiliées, les femmes lesbiennes et les femmes célibataires forcées à se rendre à l’étranger pour concevoir un enfant. Humiliées, forcées à débourser au minimum 1000 euros par tentative, sans compter le coût des trajets et autres frais. Humiliées, celles qui en sont privées, faute de moyens financiers, ou contraintes d’abandonner. Humiliées, celles ayant renoncé à être mères pour ne pas enfanter dans l’illégalité. Humiliées, celles qui ont repoussé ce projet dans l’espoir de voir la PMA enfin autorisée en France, et pour qui il est désormais trop tard. Humiliées, celles qui se refilaient les contacts de gynécologues français acceptant de suivre les couples de lesbiennes sous le manteau, comme au temps des avortements clandestins. Humiliées, celles victimes de fausses couches, condamnées à tout recommencer. Humiliées, celles qui ont dû subir un curetage seules, sans le soutien de leurs compagnes, tenues à l’écart. Humiliées, enfin, celles qui ont pu devenir maman, le sont au plus profond d’elles-mêmes, mais ne sont pas reconnues comme parents aux yeux de l’État, et, pour certaines, ne le seront jamais, et n’ont pas vu leurs enfants depuis des années12. »

    Mon avis

    Encore une fois, j’ai particulièrement bien choisi mon livre de cette dernière opération Masse critique de Babelio ! L’enquête de Rozenn Le Carboulec, publiée par les Éditions des Équateurs est particulièrement instructive car, d’un côté, elle retrace l’histoire du « mariage pour tous » en 2012-2013 (qui commence en fait dès l’adoption du Pacs en 1999) ; et, de l’autre, elle tire les conséquences dix ans après le vote de la loi pour le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels.

    « Dix années se seront presque écoulées entre le premier projet d’union civile et le vote du Pacs. Quatorze entre le Pacs et le “mariage pour tous”. Il aura fallu attendre quasiment dix ans de plus avant l’ouverture de la PMA à toutes les femmes. Soit trente-quatre ans. Mon âge aujourd’hui13. »

    Pour l’autrice, l’extrême droite s’est organisée et structurée en France lors de la formation de la Manif pour tous en 2012-2013. C’est pourquoi, de notre côté, nous devons aussi nous organiser, consolider nos milieux militants et associatifs, afin de parer les attaques incessantes et les paniques morales en chaîne. Hier le mariage et l’adoption pour les homosexuel·les et la PMA, aujourd’hui encore les personnes trans, les femmes voilées, les habitantes des quartiers ségrégués, exploités et paupérisés, les écolos, les anarchistes…

    « Partout dans le monde, et y compris en Europe, l’arrivée au pouvoir de forces populistes s’accompagne ainsi des mêmes politiques. De manière aléatoire, et dans un ordre qui diffère selon les pays, les gouvernements conservateurs s’en prendront ainsi tour à tour aux immigrés, aux personnes LGBT et aux droits des femmes, le tout étant intrinsèquement lié14. »

    Nous sommes toustes concerné⋅es. Nous, les « wokistes », les « islamogauchistes », les « écoterroristes », devons rester particulièrement vigilant·es, car aucun droit n’est acquis pour toujours, comme on peut le voir aux États-Unis avec la régression du droit à l’avortement. 

    Organisons la riposte !

    « [Le militantisme] reste vraiment un remède très efficace, je pense, contre la tristesse et l’impuissance politiques15. » (Alice Coffin)

    Lisez aussi

    Essais

    Christelle Murhula Amours silenciées. Repenser la révolution romantique depuis les marges

    Valérie Rey-Robert Une culture du viol à la française

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    Mona Chollet Beauté fatale

    Azélie Fayolle Des femmes et du style. Pour un feminist gaze

    Pauline Harmange Moi les hommes, je les déteste

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    Littérature

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    Récits

    Dorothy Allison Deux ou trois choses dont je suis sûre

    Illustrés

    Léa Castor Corps à cœur Cœur à corps 

     

    1. Page 182. -2. Page 178. -3. Page 146. -4. Pages 236-237. -5. Page 236. -6. Page 247. -7. Page 46. -8. « Selon le sociologue sud-africain Stanley Cohen, une “panique morale” naît lorsqu’une “condition, un incident, une personne ou un groupe de personnes sont brusquement définis comme une menace pour la société, ses valeurs et ses intérêts”. Son éclosion dépend de trois principaux facteurs : les “entrepreneurs de morale” (“moral entrepreneurs” ou “claim-makers”) qui ciblent des individus ou des comportements qu’ils jugent comme “déviants”, les “boucs émissaires” (“folk devils”), désignés par ces derniers, et enfin, leur mise en avant dans des “médias de masse”, nommés “tabloïd justice” par Cohen. » (page 116) -9. Selon les propos de Marie-Anne Paveau, professeure en sciences du langage. -10. Page 151. Daniel Borrillo est chercheur au Centre de recherche sur les sciences administratives et politiques (CERSA/CNRS) et membre du LEGS (Laboratoire d'études sur le genre et les sexualités) et militant pour les droits LGBT. -11. Selon l’autrice, Christiane Taubira a été érigée en icône LGBT, alors qu’elle ne connaissait rien au sujet, contrairement à Dominique Bertinotti, alors ministre de la Famille, qui a œuvré pour faire aboutir le projet de loi tout en luttant contre un cancer. -12. Pages 215-216. -13. Page 151. - 14. Page 274. -15. Page 213.

     

    Les Humilié·es

    Rozenn Le Carboulec

    Éditions des Équateurs

    2023

    304 pages

    21 euros

     

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