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    Zone 2

    Mary Aulne

    Yucca éditions

    2016

     

    Merci aux éditions Yucca, partenaire de mon association Alterlibris, de m’avoir offert cet ouvrage !

    Ce court roman, destiné aux plus de 14 ans d’après la maison d’édition, est le récit d’une adolescente qui retourne vivre dans une petite ville près de Tchernobyl. Zone 2 est un roman bien écrit et engagé, accompagné en plus d’un dossier pédagogique pour l’étudier en classe.

    « Ici, comme dans d’autres endroits du monde, seules les mères ont encore des larmes. Les autres sont résignés1. »

    Quelques années après la catastrophe de Tchernobyl, Karina et ses parents reviennent à Bazar, dans leur village en Ukraine, dans la zone la plus irradiée. Bazar a bien changé. Les maisons sont en ruine, les rues sont désertées. Les visages déjà vieux, fatigués, résignés, disparaissent prématurément.

    À Bazar, l’hiver emprisonne tout élan de vie, et il dure très longtemps. Mais lorsque le printemps revient, la forêt de Bazar semble reprendre ses droits sur la catastrophe, arborant ses feuilles verdoyantes et curieusement difformes, celles que Karina aime collectionner dans son herbier.

    C’est dans l’ancien théâtre, désormais lieu de rendez-vous de la jeunesse « bazaroise », que Karina rencontre ses nouveaux·elles ami·e·s. Avec elleux, elle se sent vivante, elle ne veut pas lâcher du terrain au césium qui s’infiltre sournoisement dans les moindres parcelles de vie, qui confisque l’espoir et le destin des habitant·e·s, qu’iels soient riches ou pauvres.

    Rencontre avec le livre

    Ce court roman, destiné aux plus de 14 ans d’après la maison d’édition, est le récit d’une adolescente qui vit ses premières expériences d’amour et d’amitié, d’espoirs et de désillusions, comme tous les ados, même si à Bazar, ville proche de Tchernobyl, la vie est un peu différente.

    Au-delà d’une écriture sensible, fluide, soignée, agréable à lire à voix haute, ce roman me semble réussi à plus d’un titre. Sur le plan romanesque, l’histoire est simple mais forte, et insuffle l’envie de se battre, malgré les difficultés, de croire en soi, en ses projets. J’ose croire que mon adolescence n’est pas encore si loin, car j’ai retrouvé des sensations à la lecture de Zone 2, notamment ce sentiment de dissociation entre le corps et l’esprit suite à un chagrin d’amour.

    D’autre part, ce roman porte en lui une dimension écologique et engagée qui a tout pour me plaire. Je souhaite que ce roman aide nos jeunes lecteur·rice·s à comprendre à quel point les risques inouïs que représente l’énergie nucléaire est indéfendable, et qu’il est essentiel de gagner en sobriété énergétique pour ne plus dépendre d’une telle bombe à retardement. Les dernières pages sont d’ailleurs consacrées à une présentation de la catastrophe de Tchernobyl et de l’uranium nécessaire à la production de nucléaire.

    Avec Zone 2 (disponible sur le site d'Alterlibris, ma librairie associative), la maison d’édition associative Yucca fournit un bel objet, à la fois esthétique, qualitatif et engagé. La couverture de Laure Cadars est belle et réussie, avec ces mains unies dans les tons noirs crayonnés et le jaune lumineux, celui de la radioactivité. Hormis l’odeur que j’aime beaucoup, la main du papier (la « raideur ») permet de bien ouvrir le livre, ce qui compte pour moi même si j’en parle moins dans mes dernières chroniques. Je le souligne ici car ça me semble contribuer à la découverte et à l’amour de la lecture chez le jeune lectorat. J’aime bien la mise en page qui intercale justement le symbole de la radioactivité entre chaque chapitre, comme un rappel lugubre de l’univers dans lequel évolue Karina. Enfin, le roman peut être étudié en classe puisqu’un dossier pédagogique est accessible sur le site des éditions. Je n’ai pas encore d’adolescent·e dans mon entourage, mais si c’était le cas je n’hésiterais pas à lui offrir Zone 2 !

    « Oui. Les habitants de Bazar vivaient comme le reste du monde. Avec leurs doutes et leurs peurs, ils dansaient leur vie sur la même musique. Ou presque… Car derrière la litanie, en tendant l’oreille, on pouvait percevoir le grincement du violon. Un crissement insidieux. Un petit son aigu et bien réel. Biiiiiiiiip… Biiiiiiiiip… Le crépitement du compteur Geiger2. »

    Lisez aussi

    Dysfonctionnelle, Axl Cendres

    Les Mains dans la terre, Cathy Ytak

    Sur le dos de la main gauche, Anahita Ettehadi

    1. Page 13. -2. Pages 29-30.

    Zone 2

    Mary Aulne

    Yucca éditions

    2016

    124 pages

    8 euros

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