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    Voici venir les rêveurs

    Imbolo Mbue

    Éditions Belfond

    2016

     

    Ce premier roman est celui que j’ai le plus attendu de la rentrée littéraire de 2016. D’aucuns diront que le thème est vu et revu, mais il exerce une attractivité indépassable. Voici venir les rêveurs raconte l’emprise du rêve américain sur une famille camerounaise, dans un récit attachant et drôle.

    « Papa et moi, nous voulons que tu ne sois jamais obligé de devenir chauffeur. Jamais. Nous voulons que ce soit toi qui aies un chauffeur1. »

    Jende, Neni et leur fils vivent à New York à Harlem. Jende est parvenu à payer le voyage du Cameroun dans l’espoir incommensurable de vivre le rêve américain. Jende, pourtant sans papiers, vient de décrocher un travail inespéré et bien payé : chauffeur pour M. Edwards, l’un des banquiers de Lehman Brothers. Neni entame ses études pour devenir pharmacienne, tandis que tous les espoirs se fondent sur leur fils qui doit absolument réussir à l’école pour avoir un bon travail ; car ils croient dur comme fer que l’école est le sésame pour réussir aux États-Unis, sans prendre en compte le coût des études et le racisme à l’embauche.

    Au fil des trajets en voiture de son patron, Jende apprend à connaître le monde des riches blancs de Wall Street. En tant qu’employé et serviteur de la famille Edwards, il devient le témoin indiscret de leurs tourments. Mais nous sommes en 2007, et la crise économique déferle sur le monde entier, emportant avec elle Lehman Brothers. Qu’adviendra-t-il de l’emploi de Jende et de sa famille ? La déception n’est jamais loin et l’étau se resserre de plus en plus autour de la famille camerounaise dont le destin est intimement lié à celui de ses employeurs.

    Rencontre avec le livre

    D’aucuns diront que le thème du rêve américain a été vu et revu. C’est vrai, mais il exerce une attraction toujours renouvelée, et il est sans cesse réinventé par la multitude des personnes de toutes origines qui ont tenté leur chance aux États-Unis.

    Le premier roman d’Imbolo Mbue est excellent, fait de personnages attachants, drôles, carrément naïfs, et écrit d’une manière très fluide et rythmée par paliers. Il se lit très facilement et brasse des thèmes intéressants, comme la réussite sociale et ses marqueurs, l’émancipation féminine de Neni, l’acculturation, l’espoir aveugle en l’école et en l’« égalité des chances » (qui constitue une oxymore en soi). Il décrit bien l’envoûtement aveuglant des immigrés qui veulent rester coûte que coûte, car ils prennent naïvement comme exemple Obama, un homme noir qui est devenu président… Ils n’ont pas compris que la classe dominante évolue dans un huis clos dans lequel on n’entre pas facilement.

    Toutefois on peut souligner que le contexte économique est peu présent, ce qui peut en décevoir certains. L’auteure a pris le parti de raconter avant tout l’histoire de la famille camerounaise mêlée à celle des Edwards, et pas de mettre à tout prix la petite histoire dans la grande histoire.

    Par ailleurs, j’ai trouvé intéressant que la famille Edwards ne soit pas traitée de façon manichéenne (même les gens les plus aisés peuvent souffrir et ressentir la solitude), bien que je regrette que la famille camerounaise ne se rende pas toujours compte de l’exploitation dont elle peut être victime.

    Un très bon roman qui donne la voix à une femme africaine : c’est encore trop rare, alors il faut sauter dessus.

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    Littérature

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    Décolonial Stéphane Dufoix

    1. Page 80.

    Voici venir les rêveurs
    (Behold the dreamers)
    Traduit de l’anglais (Cameroun) par Sarah Tardy
    Imbolo Mbue
    Éditions Belfond
    2016
    432 pages
    22 euros

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 15 Septembre 2016 à 17:09

    Il est sur ma liste. Je pense qu'il sera à la bibli bientôt

      • Jeudi 15 Septembre 2016 à 18:13

        Oui ça ne m'étonnerait pas !

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