• Monde sans oiseaux ≡ Karin Serres

    Monde sans oiseaux Karin Serres Bibliolingus

    Rentrée littéraire 2013

     

    Monde sans oiseaux

    Karin Serres

    Éditions Stock

    2013

     

    « Des animaux qui nageaient dans le ciel sans tomber. »

    Monde sans oiseaux raconte la vie d’un village de paysans qui, après le Déluge, s’est retrouvé isolé par un lac. Les habitants, qui ne le traversent jamais, vivent de la pêche et de l’élevage, avec peu de moyens, si bien qu’ils ne connaissent pas le monde et ont perdu la science. Les oiseaux ne viennent plus par ici, autour de ce lac entouré de montagnes et de forêts. Dans ce lac éclairé par une lune verte, les cochons transgéniques nagent parce qu’ils sont devenus amphibiens, fluorescents et autorégénérants grâce aux expérimentations des éleveurs. Ils représentent la seule viande qu’ils mangent.

    Toute leur vie se concentre autour des forêts et de ce lac qui leur donnent du bois, des poissons, des cochons et des algues, les algues qu’ils fument et qui les habillent. Comme les poissons se font de plus en plus rares dans ce lac étrange, les conditions de vie sont de plus en plus difficiles.

    « Au sommet de mon corps, ma tête. À l’intérieur de cette boîte d’os : un flan mou et plissé. Et c’est cette chose, mon cerveau, qui me permet de penser ?! »

    « La peau du lac frémit, frise, se creuse comme une tôle ondulée puis explose en une immense vague qui asperge toutes les maisons du village sous le cri de ma mère qui me surplombe, petit corps gluant qui vient de ramper hors de sa nuit rouge pour atterrir sur le plancher au bout du cordon qui bat. Les planches me piquent, l’air me déchire, je déplie mes poumons fins comme des peaux de tomate, je vagis. Épuisée, ma mère glisse le long de la couette d’herbes sèches et tombe à mes côtés. Je la regarde à l’envers, maman-montagne-maman, pleine de son odeur. »

    Monde sans oiseaux raconte la vie de Petite boîte d’os, ainsi appelée par son père, le pasteur du village, parce qu’il s’interroge, le jour de sa naissance, sur l’origine des pensées humaines. Sa vie défile très vite, puisque le roman ne fait que cent pages, en une succession d’événements espacés dans le temps, dilués les uns dans les autres. Ce rythme de narration, d’une rapidité incroyable, rare et fascinante, est bien maîtrisé. Il montre combien la vie est cyclique, combien le temps passe vite au village. 

    Mon avis

    Monde sans oiseaux est un texte étrange, cyclique, fantastique, à la fois dystopique, parce qu’il traite d’une époque où l’homme a brisé l’équilibre entre ce que nous offre la nature et ce que nous en faisons, et ancien, parce que nous serons toujours confrontés aux éléments. La nature y est en effet très présente, elle fait partie intégrante de la vie des habitants. Ils vivent au rythme des saisons. Les femmes enfantent, les hommes travaillent, pêchent et cultivent, dans la plus pure tradition. La vie est rude, tout comme les rapports entre les gens. Le langage est rude, mais le texte est poétique. Monde sans oiseaux est un monde fascinant, violent, surprenant.

                                                                      4/6challenge album

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    Monde sans oiseaux

    Karin Serres

    Éditions Stock

    Collection La forêt

    2013

    112 pages

    12,50 euros

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 20 Octobre 2013 à 11:12
    Alex-Mot-à-Mots

    Tu me donnes envie de découvrir ce livre au titre étrange.

    2
    Mardi 22 Octobre 2013 à 12:22

    Ah c'est cool ! Après Esprit d'hiver de Laura Kasischke, qui a été un vrai coup de coeur pour moi, c'est Monde sans oiseaux qui m'a le plus plu de la rentrée littéraire, pour le moment !

    3
    Vendredi 1er Novembre 2013 à 21:16

    Ta chronique donne envie de le décourvrir. Je le note, ce que tu en dis m'attire...

    4
    Mardi 5 Novembre 2013 à 07:48

    J'en suis ravie ! J'espère qu'il te plaira !

    5
    Lundi 25 Novembre 2013 à 22:48
    Noukette76

    Ce texte restera parmi mes préférés de cette rentrée !

    6
    Lundi 25 Novembre 2013 à 23:30

    J'y ajouterai de très loin Au-revoir là-haut de Pierre Lemaitre, dont je publierai la critique la semaine prochaine :)

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