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    Chroniques de la zone libre
    Des zad au maquis, fragments de l’imaginaire autonome

    Cosma Salé

    Le Passager clandestin

    2016

    Masse critique Babelio

     

    En un mot

    Cosma Salé témoigne de ce qu’est la vie dans les zones à défendre (zad) et les communautés autogérées. Un livre qui montre une forme de société anarchiste : à vitesse humaine, solidaire, écologique.

    « Vivre en zad, c’est se déclarer ingouvernable1. »

    Les zones à défendre (zad) sont des communautés dressées sur les grands projets inutiles et imposés (GPII, comme Notre-Dame-des-Landes, Sivens, le Larzac, Testet…) pour les empêcher de se construire. Au-delà du lieu à défendre, il s’y crée un véritable espace anarchiste, alternatif, écologique, qui concrétise l’utopie d’une société solidaire et à vitesse humaine.

    Cosma Salé vit depuis plusieurs années dans les zad et les communautés autogérées et il ne se voit plus vivre autrement. Cet ouvrage réunit des textes écrits durant ses voyages tissés de la mémoire collective et du bouche-à-oreilles. Les chapitres sont consacrés à des sujets en particulier : le voyage, la cabane comme lorsqu’on est un enfant de la campagne, les barricades, l’installation et la désinstallation d’un squat…

    Résider dans une zad ou dans une communauté, c’est imaginer une autre manière de vivre, vivre des moments hors du temps, hors de ce qui est quantifié, cloisonné, surveillé. Quand la propriété privée et l’Etat ont tout dévoré, il s’agit d’occuper l’inoccupé, mais aussi de faire un choix de vie différent des voies qui sont toutes tracées.

    À travers des anecdotes, Cosma Salé raconte la lutte, les stratégies pour défendre un lieu de façon créative, résister et survivre dans des milieux souvent inhospitaliers. Les communautés visent l’autonomie dans la construction et l’isolation de l’habitation, dans l’alimentation et l’énergie.

    Il évoque rapidement les galères inhérentes à toute vie en communauté, les violences policières, et notamment la mort de Rémi Fraisse, et le fait que casser devient nécessaire, car c’est le seul langage que comprennent les flics et les dominants.

    Rencontre avec le livre

    Tôt ou tard, j’aurais tenu ce livre entre mes mains, car les zad et les communautés m’intéressent beaucoup depuis quelque temps. Ce qui est curieux, c’est que le mot « anarchiste » n’est jamais écrit chez Cosma Salé, alors que ces initiatives en sont indiscutablement une concrétisation.

    Pour vivre comme Cosma Salé et les autres, il faut un goût certain pour la vie clandestine, l’aventure, l’intranquillité, l’imprévu, la conspiration. Il faut aussi une bonne dose de débrouille, d’ingéniosité, de savoir-vivre et aimer la campagne pour mener une vie entre sédentarité et nomadisme. Ce mode de vie me séduit certes beaucoup, mais d’une part j’ai pu voir sur le terrain que je n’avais pas ces qualités, étant foncièrement une citadine, et d’autre part j’aime trop le livre pour quitter mon métier.

    Cosma Salé considère que nous faisons partie de la « génération zéro » (on a le même âge), celle qui a connu les changements écologiques irréversibles (« avec nous, le déluge2 »), qui conduisent un certain nombre d’entre nous à se détourner des chemins dictés. On dit souvent qu’on n’aura pas de retraite. Mais comment envisage-t-il le moment où il sera trop vieux pour manier un outil et être actif au sein de la communauté ? C’est une question qui tourne en boucle dans ma tête.

    Peu d’écrits sont consacrés à ce sujet vital, mais cet ouvrage est trop court, trop elliptique pour assouvir ma soif de détails sur la vie quotidienne et sur ce qui a poussé à la « désertion ». Il est sans commune mesure avec le très gros livre-somme Constellations. Trajectoires révolutionnaires du 21e siècle qui m’apporte davantage de réponses (je vous en parle bientôt). Et bien sûr, rien ne vaudra d’aller voir par soi-même !

    Allez voir aussi

    Constellations. Trajectoires révolutionnaires du jeune 21e siècle Collectif Mauvaise Troupe

    Un job pour tous Christophe Deltombe

    Le petit livre noir des grands projets inutiles (non chroniqué) Camille

    Documentaire Notre Dame des luttes !

    Mes chers contemporains. Les flics (vidéo sur la répression policière)

     

    1. Page 49. -2. Page 152.

    Chroniques de la zone libre
    Des zad au maquis, fragments de l’imaginaire autonome
    Cosma Salé
    Le Passager clandestin
    2016
    160 pages
    15 euros

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 14 Octobre 2016 à 17:39

    Je suis contre le projet de l'aéroport de Nantes, une inutilité criante, mais trop âgée purme passer d'un minimum de confort !!

      • Lundi 17 Octobre 2016 à 10:53

        Oui je comprends ! Cela dit même sans y vivre, ça peut être sympa d'y aller pendant les festizads, les festivals avec buffet, conférences et concerts ;)

    2
    Mardi 18 Octobre 2016 à 09:32
    Alex-Mot-à-Mots

    De plus en plus de contestation populaire face aux grands projets politiques. Tant mieux !

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