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    Édition. L’envers du décor

    Martine Prosper

    Lignes

    2009 

     

    L'état des lieux

    Encore un ouvrage sur la situation du livre en France ! pourrait-on dire. Oui et non, car si Martine Prosper balaie en deux cents pages les points essentiels de l’édition, elle y apporte sa valeur ajoutée : en tant que secrétaire générale du Syndicat national Livre-Édition CFDT, elle décrit très justement comment l’individu est dévalorisé dans un milieu qui se veut porteur d’humanisme.

    Loin de la langue de bois, et même dans un registre drôle – ou cynique, selon qu’on est ou non du milieu… – Martine Prosper met à mal le mythe de l’édition littéraire et intellectuelle sise à Saint-Germain-des-Prés, l’un des quartiers les plus bourgeois de Paris.

    Partant des données basiques comme la répartition moyenne du prix, elle permet aux novices de comprendre les enjeux qui sous-tendent l’économie du livre aujourd’hui en France. Toutes les problématiques sont abordées, à savoir :

    - comment, en rognant toujours plus sur le taux du droit d’auteur, le statut de l’auteur, premier maillon de la chaîne du livre, est bafoué ;

    - comment la surconcentration a mis en place un duopole formé de Hachette et d’Editis et entraîné une disparition accrue entre les groupes internationaux et le millier de microstructures ;

    - comment la surproduction de titres – 38 000 par an – s’explique par la concentration verticale qui intègre les immenses centres de distributions qui ont besoin de livre pour « mettre quelque chose dans le tuyau1 » ;

    - comment les librairies sont trop petites pour trop de livres, et comment la danse des nouveautés s’accélère sur les tables des libraires – indépendantes ou non ;

    - comment les États-Unis et les proches pays européens gèrent leur propre système-livre ;

    - comment le libéralisme et la loi du profit ont bouleversé le système séculaire de péréquation, selon lequel quelques titres rentables permettent à l’éditeur de publier des titres moins vendeurs mais essentiels à la diversité culturelle ;

    - comment le contrôle de gestion et le « court-termisme » se sont immiscés dans la décision finale de publier ou non un titre ou, formulé d’une autre manière : comment les décideurs ne sont plus les directeurs littéraires ;

    - comment les professionnels du livre sont séculairement hypocondriaques et pessimistes quant à l’avenir du livre et de leurs métiers ;

    - comment les dirigeants sont hypocrites quand ils parlent de l’amour du livre.

    « Pour être crédible, un patron d’édition doit d’abord agir par "passion". Qu’on se rappelle cet extraordinaire article de Jean-Luc Lagardère, publié dans Le Monde au moment où son groupe cherchait à absorber Vivendi Universal Publishing, et intitulé "Par amour du livre" ! Car c’est évidemment par amour que l’on rachète son principal concurrent2… »

    Le mépris de la valeur sociale

    « Car le social est bien la face sombre de cette entreprise "culturelle" et le privilège d’y travailler se paye au prix fort. Les salaires y ont toujours été bas, ils le sont plus encore aujourd’hui, les emplois toujours moins qualifiés au regard du niveau de diplômes exigé. Et puis, au-delà des 13 000 salariés du secteur, il y a tous les autres, free lances, "droits d’auteur", précaires, qui constituent autant de maillons indispensables de la chaîne et sont soumis au "gré à gré", à la demande, au bon vouloir des commanditaires. Il y a aussi les auteurs, en début de chaîne, dont les droits se dégradent avec la baisse des ventes au titre. Les traducteurs enfin, ces auteurs de l’ombre… Tous constituent la matière première indispensable à la réalisation de cet objet unique qu’est le livre. Derrière la façade humaniste de la profession, tous se heurtent pourtant au même cynisme qui considère l’humain comme une "charge" à réduire coûte que coûte3. » 

    En vérité, l’originalité de cet ouvrage tient au chapitre concernant l’état des lieux du social. Comme dans tous les milieux, il y a le harcèlement moral, l’inégalité des salaires, le plafond de verre entre les hommes et les femmes et les conditions de travail de plus en plus stressantes et difficiles.

    Mais l’édition jouit de ses petites particularités : chacun pour soi, personne pour tous, le syndicalisme est confronté à une zone de non-droit dans laquelle règne le paternalisme qui divise pour mieux régner.

    Les places sont chères et surdiplômées ; la rémunération est en dessous du SMIC pour la moitié d’entre elles (surtout pour les postes éditoriaux) ; les travailleurs à domicile et les free-lance voient leurs droits allègrement bafoués, tandis que la convention collective est revue à la baisse. Les postes sont occupés à l’année par des stagiaires, qui, une fois entrés dans l’élite, enchaînent plusieurs années les CDD pour déboucher sur un CDI dont la rémunération est diminuée. Parfaitement illégal, mais c’est le prix de la stabilité professionnelle…

    Bref, le droit du travail est généralement piétiné, et si c’est par souci d’économie dans les grandes structures, c’est par méconnaissance pour la multitude des petites maisons. Tout compte fait, on n’y est pas mieux traité qu’ailleurs.

    Mon avis

    Pour la classe élitiste que nous sommes, cet ouvrage, destiné aux profanes, rabâche les lieux communs de l’édition. Mais il dérange parce qu’il ose mettre ensemble l’argent, le social et la culture. Provocateur ? Non, sincère. Juste mais cinglant, cet essai décrit ce que l’on ressent quand on appartient à ce milieu : nous ne sommes pas valorisés parce que nous sommes asservis à une idée noble : la culture. Or, cette noblesse cache le libéralisme qui a profondément modifié le rapport au livre.

    Tout ne va pas mal au pays du livre, mais il est plus pertinent de pointer les défauts du système que de signer un beau-livre montrant comment nous avons su maintenir la diversité culturelle.

    Mais « raison de plus pour affirmer, haut et fort, que l’éthique, les droits de l’homme et leur corollaire, la justice sociale, ne sont pas justes bons à figurer dans les livres. Ils doivent s’appliquer à ceux qui les font. Maintenant4. »

    Édition. L’envers du décor constitue une base solide, pour ceux qui veulent écrire, éditer, fabriquer, partager et s’informer. Les éditions Lignes, engagées à gauche et indépendantes, proposent un catalogue axé principalement sur la politique et la question sociale.

    Lisez aussi

    L’Édition sans éditeurs
    André Schiffrin

    La Condition littéraire
    Bernard Lahire

    La Trahison des éditeurs
    Thierry Discepolo

    Le Contrôle de la parole
    André Schiffrin

    L’Édition littéraire aujourd’hui
    Sous la dir. d’Olivier Bessard-Banquy

     

     

    1. Olivier Bessard-Banquy (dir.), L'Édition littéraire aujourd'hui, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2006. -2. Page 46. -3. Page 10. -4.  Page 171.

    Édition. L'envers du décor

    Martine Propser

    Éditions Lignes

    2009

    156 pages

    14 €

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  •  Sociologie de la bourgeoisie Pinçon et Pinçon-Charlot Bibliolingus

    Sociologie de la bourgeoisie

    Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

    La Découverte

    2000

     

    Une classe en soi et pour soi

    Dans la lutte des classes qui oppose les prolétaires à la bourgeoisie, cette dernière a une grande conscience de soi, de ses intérêts et de ses limites.

    La bourgeoisie et la noblesse accumulent et entretiennent les capitaux économique, social et symbolique. Elles se mobilisent par un travail collectif pour préserver et transmettre leurs richesses à l’intérieur du groupe : les mariages endogamiques et la cooptation définissent les frontières de la classe.

    « Tout en manifestant ce collectivisme pratique, l’idéologie mise en avant est celle de l’individualisme. La référence au marché, à la concurrence, à la compétition, apparaît dominante dans les discours des dominants, alors même que leurs pratiques sont bien loin de cet individualisme théorique1. »

    La socialibilité au cœur de la mobilisation

    Ayant conscience de leur appartenance, les bourgeois·es et les nobles n’ont de cesse de se retrouver entre elleux, d’abord parce qu’il est agréable de se trouver parmi les personnes qui nous ressemblent, et d’autre part parce qu’il s’agit d’entretenir le capital social et affirmer chaque jour cette appartenance. À ce titre, les cercles (le Cercle du Bois de Boulogne, le Cercle de Deauville, le Jockey club, le Polo de Paris…), les rallyes qui réunissent les jeunes en vue de créer des alliances amoureuses, les activités culturelles (l’opéra, les ventes aux enchères pour les philistins), les activités sportives (le ski, le golf, la chasse à courre) et les lieux de villégiature (les résidences privées ultra surveillées dans le monde, ou l’île Moustique…) sont autant d’occasions de multiplier les liens qui tissent le réseau bourgeois.

    Toutefois, les bourgeois·es manifestent aussi leur mobilisation en cohabitant dans les mêmes quartiers (les 6e, 8e et 16e arrondissements de Paris) et les mêmes lieux de villégiature. L’internationalisation (par les nurses étrangères, les écoles d’élite et les études) est aussi source de mobilisation, puisque, à travers le monde entier, on se retrouve entre soi et on cultive des intérêts communs ; cette internationalisation explique par ailleurs la facilité avec laquelle la bourgeoisie s’adapte à la mondialisation.

    Les nouvelleaux riches, les « hommes d’affaire », les « parvenus », singent les étiquettes et les protocoles de la classe sociale ; mais la noblesse et la bourgeoisie se définissent par leur ancienneté davantage que par la richesse. Elles veillent à occulter, en toute discrétion, les possessions matérielles au profit des qualités personnelles des individus qui composent le groupe, et à gommer leur dépendance au système économique : « Si nous sommes riches, c’est parce que nous avons du talent et que nous l’avons mérité, et ce n’est pas par l’exploitation des autres classes qui travaillent pour nous assurer des rentes. » Dans le même sens, les chefs d’entreprise tentent d’acquérir ce capital symbolique en installant leurs sièges sociaux dans les quartiers bourgeois de Paris, ce qui n’est pas sans incommoder les bourgeois·es qui sont dépossédés de leur lieu de vie.

    La classe dominante

    « Il s’agit de passer de la domination économique à la domination symbolique, c’est-à-dire d’une domination matériellement fondée à une domination ancrée aussi dans les représentations et les mentalités et pour cela beaucoup plus solidement assise. Cette métamorphose des rapports de domination est essentielle à leur reproduction puisqu’il s’agit d’aboutir à l’intériorisation par les dominés des excellentes raisons qui font des dominants ce qu’ils sont. Les dominés participent alors eux-mêmes à leur domination en reconnaissant celle-ci comme bien fondée2. »

    « Cette idéologie de la concurrence et de la loi du marché permet de mettre en avant, sous les apparences formelles d’une égalité des chances dans la compétition, l’idée d’une société méritocratique sachant récompenser l’effort et donc sélectionner les meilleurs. Comme si tous les concurrents étaient placés sur la même ligne de départ, comme si l’héritage, sous toutes ses formes, ne faussait pas radicalement la course, les derniers partis s’épuisant, au mieux, à simplement tenter de contenir les écarts de départ3. »

    « Ainsi l’idéologie libérale a annexé la logique méritocratique. Le travail reste bien la valeur fondamentale, et la fortune finit par être perçue comme résultant de l’effort. Ces sondages montrent, au moins, que, dans les médias, règne une hégémonie de la pensée dite unique : une conception de la société qui a trouvé sa fin dans le triomphe du marché. Ce qui au fond est marxiste : si les classes sociales ont disparu, si la bourgeoisie et le prolétariat ne sont plus antinomiques, l’histoire est bien terminée, au moins celle qui aurait eu la lutte des classes pour ressort. Il reste que la bourgeoisie existe bien encore comme classe, étant la seule aujourd’hui à exister objectivement et subjectivement, les inégalités demeurant au sein des pays développés, et s’étant même accrues entre pays riches et pays pauvres4. »

    Mon avis

    En valorisant la méritocratie, la classe dirigeante encourage chacun·e à faire des efforts pour atteindre le statut de bourgeois. Or, c’est illusoire puisqu’il ne s’agit pas seulement de posséder un capital économique pour faire partie de l’élite. Mais surtout, l’idéologie méritocratique permet de faire accepter aux dominé·es que les riches ont mérité d’être riches et dominant·es. Ainsi, les classes laborieuses légitiment et encouragent la domination des riches en acceptant l’idéologie de la méritocratie.

    Ce petit ouvrage, paru dans la collection Repères de La Découverte, dernier bastion de la gauche qui appartient au gigantesque groupe Editis, a le mérite (!) de proposer une sociologie pour le moins inhabituelle : si l’on se penche volontiers sur le cas des pauvres, perçu·es comme responsables de leur situation, au contraire la classe des riches se cache de bien des manières.

    Des mêmes auteurs et autrices

    La Violence des riches

    Sociologie de la bourgeoisie

    Sociologie de Paris

    Ministres de la Réforme de l'État dans Altergouvernement

    Lisez aussi

    La guerre des mots. Combattre le discours politico-médiatique de la bourgeoisie de Selim Derkaoui et Nicolas Framont

    Le fond de l'air est jaune, Collectif

    En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté, ATD Quart Monde

    Écologie et cultures populaires, Paul Ariès

    + Plein de romans sur Bibliolingus traitent de la richesse, mais aussi de la pauvreté et de la précarité

    Regardez America America de Stiptease


     

    1. Page 103. -2. Page 47. -3. Page 104. -4. Page 11.

     

    Sociologie de la bourgeoisie

    Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

    Éditions La Découverte

    Collection Repères sociologie n°294

    2000

    128 pages

    10 €

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  • Les-dessous-de-la-politique-de-lOncle-Sam.jpg

    Les Dessous de la politique de l’Oncle Sam

    Noam Chomsky

    Écosociété, EPO,
    Le Temps des cerises

    1996

     

    Seigneur, vassaux et serfs

    Avec 50 % des richesses mondiales pour 6 % de la population mondiale, les États-Unis sont la plus grande force économique et politique à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Noam Chomsky, linguiste et auteur engagé en faveur de la justice, explique en cent pages et avec des mots très simples la politique extérieure des États-Unis de 1945 à 1996, date à laquelle l’ouvrage a été publié.

    Première puissance mondiale en 1945 et prête à tout pour le rester, les États-Unis ont planifié la protection de leur territoire en construisant un monde subordonné à leurs besoins. Il s’agit de faire des pays européens un soutien à l’économie libérale et de l’autre, de faire du tiers-monde des ateliers dédiés à l’exploitation d’énergies premières.

    Les planificateurs de la politique états-unienne ont prévu d’écraser le nationalisme indépendantiste du tiers-monde en supprimant le développement économique et social de chacun des pays pauvres. Une réussite démocratique donnerait l’exemple à suivre aux autres pays et mettrait en danger la politique d’assujettissement du monde. 

    Les planificateurs états-uniens luttent aussi contre le communisme, idée selon laquelle « le gouvernement est directement responsable du bien-être du peuple1 ». In extenso, le communisme, ce sont « les pauvres qui cherchent à dépouiller les riches2 ».

    La répression est leur seule arme

    Après avoir injecté des milliards de dollars à l’Europe par le biais du plan Marshall, les politiques états-uniens ont fabriqué un ennemi − l’URSS au temps de la guerre froide – et suscité la terreur au peuple pour légitimer les moyens employés. Sans jamais passer par la voie diplomatique, les velléités démocratiques ont été éradiquées ou soumises.

    − Le trucage des votes, comme en Italie en 1948 pour contrer le parti communiste, et l’envoi des espions comme Klaus Barbie en France qui a été chargé de sonder le mouvement communiste, sont les méthodes les moins agressives.

    − Les forces armées de l’ONU (les « casques bleus ») ont été envoyées, avant toute négociation, dans les pays insoumis.

    − Le FMI a soutenu la politique des États-Unis en mettant en place un système libéral propice à leurs investissements.

    − Les États-Unis ont entraîné sur leur territoire des « escadrons de la mort », des militaires des pays envahis, pour qu’ils suppriment toute velléité démocratique. Au Salvador, les militaires ont décapité, découpé des parties du corps, arraché les peaux, violé…

    « Si possible, il est conseillé de confier la destruction de ce virus aux militaires locaux. S’ils n’y parviennent pas, vous devez le faire en amenant vos propres forces. C’est extrêmement coûteux et c’est inélégant, mais parfois vous devez vous y résoudre3. »

    La répression a été identique au Nicaragua, au Guatemala, au Brésil, au Costa Rica, au Vietnam, en Indonésie, aux Philippines, en Corée du Sud, en Thaïlande… En tout, au moins 77 pays ont subi ces atrocités.

    − Après la répression, les planificateurs états-uniens ont mis en place des dictateurs fascistes, lesquels favorisent les investissements privés des capitaux américains.

    − Les États-Unis envoient des armes aux militaires à ces gouvernements fascistes, comme au Chili et en Indonésie, dans le but de consolider la corruption.

    − Les aides humanitaires venues de tous les pays du monde ont été bloquées dans les pays qui résistaient à l’oppression états-unienne.

    Ce que vous pouvez faire

    « Une des choses que [les détenteurs du pouvoir] souhaitent, c’est une population passive, tranquille. Par conséquent, l’une des choses que vous pouvez faire pour rendre leur existence inconfortable, c’est de n’être ni passif ni tranquille. Il y a des tas de façons d’y arriver. Même le simple fait de poser des questions peut avoir un effet important.

    Manifestations, lettres écrites et votes, tout cela peut être utile ; cela dépend de la situation. Mais il y a un point d’une importance capitale : il faut une action soutenue et organisée.

    Si vous participez à une manifestation et qu’ensuite, vous rentrez chez vous, c’est quelque chose ; mais les gens au pouvoir peuvent très bien s’en accommoder. Ce qu’ils ne peuvent supporter, ce sont les organisations qui poursuivent leurs actions, ce sont les gens qui tirent toujours des leçons de la dernière fois et qui s’arrangent pour faire mieux la prochaine fois.

    Aucun système de pouvoir, même s’il s’agit d’une dictature fasciste, n’est indifférent à la dissidence publique4. »

    Mon avis

    « Quand un pays s’engage dans de telles voies politiques, il doit d’une manière ou d’une autre trouver une façon de distraire la population, de l’empêcher de voir ce qui se passe autour. Il n’y a pas trente-six façons de procéder. Les plus courantes consistent à susciter partout la crainte d’ennemis terribles sur le point de nous écraser, en même temps qu’un respect craintif envers nos formidables dirigeants qui nous sauveront du désastre juste à temps5. » 

    Après les attentats de 2001 l’ennemi a été tout trouvé : l’islamisme. Désormais, la propagande vise à faire peur aux États-Uniens pour justifier de nouvelles violences. Attention, les politiques français, vassaux depuis 1945, font pareil…

    Cette violence extrême ne pourrait se faire sans une immense propagande, laquelle est mise en place par la corruption des médias − la corruption française est expliquée par Serge Halimi dans Les Nouveaux Chiens de garde – dont les intérêts sont communs à ceux de la classe politique.

    La propagande passe aussi par la suprématie de la culture : tous les pays du monde sont envahis par le cinéma, la littérature, l’alimentation, les modes de vie et les entreprises états-uniennes… Hollywood, McDonald’s, Apple, Lewis… La propagation de la culture crée une clientèle mondiale qui ferme les yeux sur la terreur qu’ils font régner depuis soixante ans.

    « La véritable recherche est toujours une activité collective, et ses résultats peuvent contribuer de façon importante à transformer les consciences, à augmenter la perspicacité et la compréhension, et à frayer la voie à une action constructive6. »

    Si l’ouvrage et ancien, il donne toutefois les clés pour mieux comprendre les relations internationales. Dans une langue simple, celles des conférences que donne Noam Chomsky, l’auteur vivant le plus cité au monde, Les Dessous de la politique de l’Oncle Sam est tout à fait accessible au plus grand nombre ; vraiment, il n’y a aucune appréhension à avoir en l’ouvrant ! N’hésitez pas à réagir sur le blog et à discuter autour de vous.

    Lisez aussi

    Chris Harman Un siècle d'espoir et d'horreur, une histoire populaire du XXe siècle

    Peter Gelderloos Comment la non-violence protège l’État

    James Baldwin Retour dans l’oeil du cyclone 

    Stéphane Dufoix Décolonial 

    Françoise Vergès Le Ventre des femmes

    Prolongez la lecture avec l'article de They lie we die.

     

    1. Page 15. -2. Page 88. -3. Page 64. -4. Page 110. -5. Page 85. -6. Page 111. 

    Les Dessous de la politique de l’Oncle Sam

    What Uncle Sam really wants (titre original)

    Traduit de l’anglais par J.-M. Flémal

    Noam Chomsky

    Co édition : Écosociété (Québec), EPO (Belgique), Le Temps des cerises (France)

    1996

    144 pages

    11,80 euros

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